22 novembre 2021
Vue d'un lac sur le site classé du plateau des 7 lacs
Arnaud Bouissou - TERRA
Le Cerema est intervenu lors du webinaire IdealCO "Préserver les zones humides : une nécessité pour les espaces ruraux et urbains", le 19 octobre 2021, qui a permis de présenter la méthode d’évaluation des fonctions des zones humides, ses principes, le bilan de son utilisation et les évolutions à venir.
Le Cerema a mis en avant deux projets, avec Nantes Métropole et la DREAL Normandie, dans lesquels il a mis en œuvre et adapté cette méthode.

Un webinaire consacré à l'évaluation des fonctions des zones humides a été organisé par IdealCo le 17 octobre 2021. Deux spécialistes du Cerema sont intervenus pour présenter deux études réalisées, l'une avec la DREAL Normandie, l'autre avec Nantes Métropole, dans le cadre de démarches de réhabilitation de zones humides.

Les zones humides, en plus d'être des réservoirs de biodiversité, jouent un rôle essentiel pour la gestion des crues. Leur préservation et restauration permettent d'agir sur la régulation des débits, le ruissellement, le risque d'inondations...  Pour objectiver le rôle rempli par les milieux humides, une méthode nationale d'évaluation de leurs fonctions a été mise au point en 2016. 
 

Quel potentiel de compensation et restauration des zones humides sur le territoire de Nantes Métropole ?

Dans le cadre de l’évaluation des potentiels de compensation et restauration des zones humides sur son territoire, Nantes Métropole a fait appel au Cerema qui a établi une méthodologie pour déterminer les gains fonctionnels envisageables par la mise en oeuvre d’actions de restauration.

Une convention de partenariat public/public a été mise en place sur 3 ans. 2021 est la première année du projet, au cours de laquelle la méthodologie a été définie sur le secteur du sud de l’agglomération. Nantes Métropole, située dans l’estuaire de la Loire, couvre 53.000 hectares dont plus de 9.200 sont des zones humides protégées à 99% par le PLUi (Plan Local d'Urbanisme intercommunal). En parallèle, la métropole est dynamique et gagne des habitants chaque année, ce qui accroît le besoin de foncier. Le besoin de compensation est donc important, et estimé à 200 hectares malgré les efforts déjà réalisés pour éviter les impacts sur ces milieux.

La métropole souhaite connaître et anticiper les mesures potentielles de compensation et de restauration des fonctionnalités des zones humides, et a donc besoin d’identifier les sites qui pourraient être intégrés dans une réserve de zones humides dont les fonctions dégradées pourraient être restaurées.

Le Cerema a d’abord mis à jour les indicateurs fonctionnels et des altérations des zones humides (issus d’une étude menée par Artélia en 2017), pour sélectionner les sites en fonction des enjeux : connectivité avec d’autres zones humides, intérêt par rapport aux continuités écologiques, présence de risque de ruissellement.

Secteurs d'investigation et classement des zones humides par priorité
Secteurs d'investigation prioritaires pour l'évaluation des potentiels de compensation 

 

Le système d’information géographique Qgis a permis de définir 47 secteurs prioritaires de compensation possibles à l’échelle du territoire. Le Cerema s’est concentré en 2021 sur une dizaine de secteurs proches de l’aéroport de Nantes et de ses zones d’activité, où il existe une pression foncière.

Sur la base de la méthode nationale d’évaluation des fonctions des zones humides (OFB), le Cerema a prospecté 329 hectares de zones humides pour identifier leur système hydrogéomorphologique et leur environnement. Un diagnostic à la fois contextuel et fonctionnel pour chaque site a été réalisé, pour définir un état initial des fonctions des zones humides en termes hydrologiques, biologiques et de composition biogéochimique des sols, et ensuite évaluer les gains fonctionnels potentiels.

Ces gains ont été estimés pour chacune des trois grandes fonctions, et pour chaque type d’action de restauration pouvant être mis en place.

Ce travail a montré que malgré l’importance des zones humides sur le territoire, le potentiel pour les mesures de compensation reste limité, et souligne l’intérêt d’éviter en amont les impacts sur l’environnement ou de les réduire au maximum.

Ce travail sera étendu sur les deux prochaines années à l’ensemble de la métropole avec des adaptations de la méthodologie et des outils, notamment en utilisant des données LIDAR et les cartographies anciennes afin d’identifier des zones humides comblées ou converties en étang à proximité des "zones humides réglementaires" identifiées dans le PLUi.

La présentation :

Restauration de zones humides : prioriser les actions au regard de leurs fonctionnalités

Vue d'une prairie du 2e site
Vue d'une prairie humide étudiée par le Cerema dans le cadre du projet

Les acteurs de l’aménagement de l’estuaire de la Seine avaient besoin de partager une vision globale des fonctions écologiques de l’estuaire. La DREAL Normandie a été missionnée avec le Groupement d’Intérêt Public Seine-Aval pour élaborer un référentiel et fournir un outil pour définir les actions à venir en matière de restauration des milieux naturels de l’estuaire, et a sollicité le Cerema pour participer aux groupes de travail et apporter son expertise sur la restauration de zones humides. 

Le projet REPERE (Référentiel partagE sur les Priorités de restauration des fonctionnalitEs des milieux estuaRiEns de la vallée de Seine-Aval) a été lancé en 2018 par la préfecture de la Région Normandie pour répondre à un besoin exprimé par les acteurs de la vallée de Seine-Aval de disposer d’un référentiel partagé sur les fonctions écologiques de l’estuaire et les enjeux autour de leur préservation. L'objectif est de déterminer quelles actions de restauration mener en priorité et sur quels sites.

La démarche a d’abord visé à établir un diagnostic partagé sur le fonctionnement écologique de l’estuaire, à travers une dynamique de réflexion collective. Ensuite, les actions de restauration et de préservation des fonctionnalités écologiques ont été priorisées, puis un cadre d’action a été défini pour les acteurs de l’aménagement.

Le Cerema est intervenu au cours de la première phase du projet, de 2018 à 2020, pour contribuer aux groupes de travail thématiques liés aux fonctions écologiques et à la démarche Eviter Réduire Compenser. Lors de cette étape des recherches ont été menées sur les plans scientifique, pour établir un état des lieux des connaissances, et réglementaire pour connaître les réglementations applicables et réaliser des fiches synthétiques.

En 2021, la DREAL Normandie pilote global du projet, a fait appel au Cerema pour apporter son expertise sur les actions à mener sur deux sites atelier en particulier. Le Cerema a mené une démarche exploratoire impliquant différents acteurs, pour évaluer les fonctions écologiques de ces deux sites et proposer des actions de restauration de ces fonctions : une friche industrielle située dans le lit majeur de l’Austreberthe, affluent de la Seine, sur la commune de Saint-Paër (76) et deux prairies humides cultivées, à Saint-Jean-de-Folleville (76), situées sur le périmètre de la zone industrielle de Port-Jérome 2 qui comporte un important site pétrochimique.

Situation de la prairie humide (2e site étudié)
Situation de la prairie humide

L’évaluation des fonctions écologiques de la friche industrielle a été réalisée en s’appuyant principalement sur la méthode nationale d’évaluation des fonctions des zones humides (MNEFZH). Néanmoins, la version en vigueur de la MNEFZH ne permettant pas de prendre en compte la pollution des sols dans l’évaluation, le Cerema s’est donc également appuyé sur un diagnostic pollution réalisé par un bureau d’études.

Sur le second site, pour lequel les acteurs souhaitaient savoir si des cultures agricoles sont compatibles avec une restauration de la zone humide, deux enjeux principaux ont été identifiés par le Cerema :

  • Un enjeu d’occupation du sol par une monoculture intensive, auquel il est possible de répondre par l’introduction de prairies permanentes pâturées ou fauchées, qui permet de maintenir une pratique agricole.
  • Un enjeu lié au drainage de l’eau, en raison d’une forte présence de fossés et rigoles qui favorise l’évacuation rapide de l’eau. La chambre d’agriculture a proposé des options de cultures agricoles sur ce site, puis le Cerema a proposé de répondre à la problématique du drainage par le comblement et l’estompement des fossés pour que l’eau puisse rester plus longtemps. La collectivité déterminera ensuite sur cette base les actions écologiques et les pratiques agricoles à déployer, et le Cerema rendra un avis technique sur la solution retenue.

L’étape suivante sera de valider les mesures de restauration. Concernant le projet REPERE, les prochaines années seront consacrées à l’accompagnement de projets expérimentaux de restauration et préservation des fonctions écologiques de l’estuaire.

Le replay

Le replay du webinaire est disponible sur la plateforme IdealCO: