28 janvier 2022
Personnes âgées sur un banc dans un parc public
Afin de mieux connaître la mobilité spécifique des personnes âgées sur son territoire, la Métropole européenne de Lille a noué un partenariat de recherche avec le Cerema pour réaliser une enquête à la fois quantitative et qualitative auprès des habitants. Comment la mobilité de la génération née après 1945 évolue-t-elle de la voiture individuelle vers de nouveaux modes de transports plus adaptés au vieillissement? Quelles sont les pistes pour accompagner cette transition ?
L'enquête 2021 a également approfondi les changements induits par la crise sanitaire.

Logo de la métropole de LilleLa génération des baby-boomers qui entre aujourd'hui dans le 3e âge a été la première génération à utiliser massivement la voiture tout au long de sa vie et à y attacher une forte valeur symbolique.

Or les personnes âgées utilisent de moins en moins la voiture au fil du temps, et un enjeu fort réside dans l’accompagnement de la transition de cette génération de la voiture individuelle vers d’autres modes de transport.

Afin d'anticiper l'évolution des besoins et de mieux y répondre, la Métropole européenne de Lille a lancé une enquête à la fois qualitative et quantitative auprès des habitants. A travers un partenariat de recherche, le Cerema et la Métropole mènent une vaste enquête qui permet d'appréhender la mobilité de cette population dans son ensemble.

 

Comprendre le rapport à la mobilité de la génération du baby-boom

Les observations et les travaux réalisés sur la mobilité de cette génération amènent à parler de "sevrage" pour évoquer cette transition, parfois nécessaire en raison de la baisse des capacités physiques.

Le poids démographique de cette génération doit amener à anticiper l’évolution de ses besoins en termes de déplacements et de modes de transports, en intégrant des enjeux tels que la sécurité, la lisibilité, la proximité, l’autonomie.

Rue du centre ancien de Lille, avec maisons en briques
Rue du Vieux-Lille - Adobestock

La Métropole européenne de Lille qui souhaite anticiper cette transition a fait appel au Cerema pour réaliser une enquête aussi bien quantitative que qualitative auprès d’un panel d’habitants.

L’objectif est de mieux comprendre et analyser l’évolution des pratiques de mobilité de cette génération.

L’enquête a démarré en 2019 et sera menée durant 5 ans. Elle est conduite en deux volets :

  • Un volet quantitatif annuel avec une enquête auprès de 1.000 habitants de 65 ans et plus,
  • Un volet qualitatif avec une enquête socio-anthropologique et compréhensive auprès d’une trentaine de ménages. Ce travail vise à comprendre les habitudes, la perception des gens quant à leur mobilité et son évolution.

Un premier rapport synthétise les principaux éléments et reprend les témoignages de 28 personnes, classés par thèmes, qui permettent de cerner les enjeux autour de la mobilité des plus de 60 ans. En cela, ce document constitue une plongée subjective dans le quotidien des personnes rencontrées. Des propositions pour agir sur certaines difficultés sont également formulées.

Il comporte un grand nombre d’éléments de compréhension de la manière dont les baby-boomers de la métropole lilloise se sont déplacés, comment leurs habitudes ont pu évoluer au tournant du 3e âge, et comment ils envisagent leur mobilité dans les années à venir.

 

Esquisser les enjeux et les solutions de demain

Vue de la Grand place de Lille
Grand Place de Lille - Adobestock

Les personnes ont été interrogées sur leurs déplacements en voiture, en transports en commun, à pied dans l’espace public, de manière à comprendre leurs représentations sociales, leurs difficultés et appréhensions, leurs besoins et attentes.

Des questions visaient à connaître leur occupation durant la retraite, le changement d’habitudes de mobilité (périmètre, mode de déplacements, autonomie, rapport au centre-ville…) que ce temps supplémentaire a entraînées. Leur sensibilité écologique vis-à-vis des transports a été abordée, ainsi que leur perception de la dépendance et du vieillissement, leur entourage…

Ces témoignages permettent de comprendre pourquoi les personnes de cette génération hésitent à prendre les transports en communs, notamment le bus, à travers des questions sur la sécurité, le confort, les aspects économiques, l’information, le service. Ils donnent des indications sur la manière dont elles utilisent les nouveaux outils tels que le GPS, sur les effets de genre par rapport à l’usage de la voiture, ou encore pourquoi certains ont cessé de conduire...

La marche est également abordée, car elle est beaucoup pratiquée même pour des distances de quelques kilomètres, de même que le vélo en revanche de moins en moins pratiqué avec l’âge.

Une place est accordée aux nouveaux modes de mobilité comme les cars interurbains qui semblent appréciés pour leur confort et leur coût compétitif, la location de voitures entre particuliers ou le covoiturage longue distance.

Beaucoup d’aspects liés à la voiture personnelle sont abordés dans l’enquête, qui retrace toute l’histoire des personnes interrogées avec l’automobile et les évolutions dans leurs pratiques. Il apparaît notamment que les difficultés liées au stationnement en ville (préoccupation importante pour beaucoup de répondants) impactent les déplacements de nombreuses personnes âgées, contribuant à un phénomène d’éviction des centres-villes.

Ces éléments peuvent éclairer les décisions en matière d’aménagement urbain, de planification de la mobilité, de revitalisation des centres-bourgs, d’accompagnement de ce public spécifique en prenant en compte une certaine "dépendance à l’indépendance".

 

 
Un focus sur l'impact de la crise covid dans l'enquête 2021

centre ville de Lille, rue bordées de potelets et beffroi au dernier plan
Centre-ville de Lille - J. Balcaen Cerema

En 2021, l'enquête a été poursuivie avec des questions supplémentaires autour de l'impact de la crise du coronavirus et des mesures de confinement sur la mobilité de cette génération.

Au cours de l’hiver 2020-21, le Cerema a réinterrogé les 27 ménages qui avaient été interrogés une première fois au cours de l’hiver 2019-20. Ce fut l'occasion de mieux comprendre des processus à l’oeuvre d’un point de vue longitudinal. Grâce à la relation de confiance qui s’est installée avec les familles, le Cerema a cherché à savoir ce qu’une année de plus pouvait avoir comme conséquences pour eux et à connaître le lot des bonnes ou moins bonnes surprises que cette année leur avait réservée en termes de mobilité.

Par ailleurs, l'enquête a été focalisée sur les conséquences de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, qui est l’événement perturbateur le plus remarquable de l’année. Ces perturbations ont tout particulièrement touché les personnes âgées, plus vulnérables que les autres, et ont réclamé de leur part d’indispensables adaptations de leurs pratiques de mobilité quotidienne.

Au-delà des strictes pratiques mobilité, des sujets très variés ont été abordés sous l'angle des comportements et de l'adaptation à la crise, tels que le recours à la solidarité des proches ou l'aide apportée aux autres, les contacts avec la collectivité, les pratiques d'achats, les loisirs et la sociabilité, le recours aux outils numériques...

Le rapport réalisé à l'issue de ces entretiens (réalisés cette fois par téléphone par précaution sanitaire) vise à rendre compte avec le plus de précision possible dans le but d’éclairer les arbitrages de la politique publique menée par la Métropole ainsi que celle menée par les communes à destination des publics âgés.

Il recèle de nombreuses clés pour améliorer la mobilité et l'autonomie des personnes âgées.