24 mai 2019
Pont de Pont-Réan en Bretagne, sur la Villaine
Wikimedia Commons
Le 23 mai, le Club Techni Cités a organisé avec l'expertise du Cerema une journée d'études à destination des acteurs des territoires, consacrée à la gestion et à l'entretien des ouvrages d'art routiers. Premier retour sur les solutions en termes de gestion patrimoniale présentées lors des différentes interventions.

Logo du club techni CitésCette journée visait à mettre en avant des solutions opérationnelles et innovantes en matière d'entretien du patrimoine d'ouvrages d'art.

Une soixantaine de personnes, issues des collectivités (conseils généraux, intercommunalités, communes), ont assisté à la journée et contribué aux échanges.  

 

Anticiper l'entretien des ouvrages d'art

Georges tempez et Patrick Chaize à la journée
Georges Tempez et Patrick Chaize 

La journée a été ouverte par Georges Tempez, directeur du Cerema Infrastructures de Transports et Matériaux, et Patrick Chaize, sénateur de l'Ain et vice-Président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, avec un panorama de la situation du patrimoine d'ouvrages d'art en France.

On dénombre environ 250 000 ouvrages d'art en France, dont la plupart appartiennent aux collectivités. Seuls 30 000 ouvrages ont fait l’objet de visites sommaires, dont 20 000 ont fait l'objet de diagnostics plus poussés.

Patrick Chaize, vice-président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable et co-rapporteur au sénat de propositions attendues pour le 19 juin 2019, a évoqué la méconnaissance patrimoniale de leurs ponts par les collectivités. Par ailleurs, il n’existe aucune politique de surveillance et d’entretien les concernant. Cela pose la question de la responsabilité ?

L’Etat dispose des outils et de ressources techniques, de même que les départements qui possèdent une expertise interne dans ce domaine. Ce n'est pas toujours le cas des collectivités, qui peuvent avoir besoin d'appuis.

Vue de la salle lors de la journéePatrick Chaize a également souligné que les ouvrages d’art en France n’apparaissent pas véritablement comme un véritable patrimoine qui vieillit et qu’il faut entretenir régulièrement. En conséquence, de nombreux ouvrages sont aujourd'hui très dégradés ou en fin de vie. Patrick Chaize a rappelé la prise de conscience nécessaire dans ce domaine, ce qui implique d'anticiper des investissements qui peuvent être importants dans les prochaines décennies.

Selon Patrick Chaize, il faut tendre vers une politique nationale globale dans ce domaine, et une solution est travailler à l'échelle des intercommunalités, afin de se donner les moyens de mutualiser l’entretien courant et les investissements qu’il  faudra réaliser.

Pour conclure l'introduction de la journée, Laurent Labourie, référent et expert ouvrage d’art au Cerema, a présenté les enjeux de la gestion des ouvrages d’art routiers en évoquant un panorama des responsabilités et enjeux économiques, techniques et sociétaux. Il a également évoqué les questions relatives à la domanialité des ponts et l’obligation de conventionner pour répartir charges et responsabilités.

 

LA Gestion du patrimoine d'infrastructures 

Les experts en gestion du patrimoine ouvrages d’art du Cerema ont tout d’abord présenté certaines grandes tendances de comportement macroscopique d’un patrimoine.

En effet, les modélisations et retours d’expérience sur le sujet permettent de dégager des grandes tendances, ce qui peut permettre aux gestionnaires d’éviter les erreurs de gestion dues à une méconnaissance des phénomènes en jeu. Comme à plusieurs reprises dans la journée, l’importance de l’entretien préventif a été souligné. Il a été également rappelé, entre autres, l’importance de l’étape de diagnostic (distincte de celle de l’inspection détaillée) et de la conception d’une solution de réparation adaptée pour éviter d’aggraver les défauts que l’on souhaite réparer.

 

Des solutions adaptées à chaque type de gestionnaires et portées par le Cerema ont ensuite été présentées.

couverture du guide sur les ouvrages d'artPour les communes et les collectivités possédant peu d’ouvrages et a fortiori peu de personnel compétent en la matière, un partenariat avec le Cerema est en cours de développement afin de mieux cibler leurs besoins et de co-construire des outils adaptés.

Le guide "Surveillance et entretien courant des ouvrages d'art routiers - Guide technique à l’usage des communes" présente d’ores et déjà les grands principes de la gestion de patrimoine de façon simple et concise à ces gestionnaires. Il propose également des fiches techniques précisant les principales opérations d’entretien à réaliser sur les ouvrages ainsi que les conditions de leur réalisation.

Enfin, des solutions adaptées aux gestionnaires de patrimoines larges, déjà inventoriés et évalués ont également été présentées. Le but de ces outils est de permettre de faire ressortir parmi ce patrimoine les ouvrages qui paraissent prioritaires pour les études approfondies, de façon simple et sans avoir besoin de faire des visites spécifiques sur chacun de ouvrages pour réaliser les analyses.

Les analyses de risques s’intéressent à certains types d’ouvrages (ponts maçonnerie, buses métalliques, VIPP…) ou à des risques spécifiques (affouillement, risques sismiques).

La méthode fondée sur la valeur sociétale ou le module d’aide à la priorisation (en cours de développement) permettent de prioriser sur l’ensemble du patrimoine.

Le type et l’état de l’ouvrage sont bien évidement pris en compte mais également sa robustesse, sa durée de vie résiduelle, son importance économique et sociale, la difficulté qu’il y aurait à le dévier et l’efficacité supposée de la réparation. Ces outils seront disponibles de façon automatisée dans la prochaine version du logiciel SIAMOA.