14 février 2020
Chouette effraie Tyto Alba en vol dans les Pyrénées
Luc Viatour
La préservation des oiseaux est un enjeu essentiel en matière de biodiversité. Les infrastructures de transport ont un impact sur la mortalité des oiseaux, qu'il est nécessaire de prendre en compte dans la conception des projets. Ce document synthétise à destination des bureaux d’études, services instructeurs et maîtres d’ouvrage les dernières connaissances pour appliquer la démarche "éviter, réduire, compenser".

Prendre en compte l'impact des infrastructures sur les oiseaux

couverture de l'ouvrageBien qu’ils puissent voler bien au-dessus du trafic routier, les oiseaux sont au moins autant impactés par les autoroutes ou infrastructures linéaires de transport (ILT, c'est-à-dire les routes, les voies ferrées, les canaux...) que la faune non volante.

Des études ont permis de constater que près de 37 000 Effraies des clochers Tyto alba étaient victimes de collisions sur les 11.000 kilomètres d’autoroutes de France en une année, soit près de 23 % de l’effectif annuel total métropolitain de poussins de cette espèce, ce qui est loin d’être négligeable. Chez les passereaux, le Rougegorge familier Erythacus rubecula paie le plus lourd tribut avec 43 000 tués par an sur les autoroutes [1]. 

Il est aujourd'hui essentiel de préserver les oiseaux, et de réduire l'impact des infrastructures sur ces espèces. La Liste rouge de l’UICN des espèces menacées en France métropolitaine de 2016 montre une situation préoccupante qui s’est aggravée depuis trois ans pour les 284 espèces se reproduisant sur le territoire métropolitain et soumises à l'évaluation : 92 d’entre elles sont menacées, soit 32 %, contre 26 % en 2008. Au niveau mondial, en comparaison, 12 % des oiseaux sont menacés d’extinction.

On observe aussi que l’étendue de l’impact diffère d’une espèce aviaire à l’autre en fonction de l’écologie et du comportement propres à chaque espèce (migrations, régime alimentaire, habitats, capacité à voler...), mais aussi de la configuration de l'infrastructure. Avec des exemples choisis parmi des espèces emblématiques des milieux écologiques auxquels elles appartiennent, cet ouvrage analyse tous les paramètres qui expliquent ces différences d’impact.

 

Appliquer les mesures d'évitement, réduction et compensation 

Ce document présente les dernières connaissances scientifiques qui permettent de trouver des mesures destinées à Éviter-Réduire-Compenser (doctrine ERC) les effets de ces infrastructures. Un chapitre liste les méthodes disponibles pour recenser les oiseaux et décrit leurs avantages et limites ainsi que leurs utilisations lors des différentes phases de vie d’un projet d'infrastructures de transport.

Ce document présente de manière synthétique aux bureaux d’études, services instructeurs et maîtres d’ouvrage de projets d’infrastructures linéaires de transport des éléments d’information sur les enjeux et la réglementation concernant les oiseaux.

Il précise aussi les impacts (destruction et fragmentation de l'habitat, pollutions chimique, lumineuse, sonore...) ainsi que les mesures d’évitement, de réduction, de compensation et d’accompagnement ad hoc aux différentes phases des projets. La biologie, l’écologie ainsi que des mesures spécifiques de quelques espèces sont résumées à titre illustratif dans des fiches en annexe.


[1] La Liste rouge nationale permet de mesurer le degré de menace pesant sur les espèces d’oiseaux recensées sur le territoire métropolitain, pour chacun de leurs statuts de présence (nicheur, hivernant ou de passage). L’état des lieux a été mené par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’histoire naturelle, en partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux, la Société d’études ornithologiques de France et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.