L'Essentiel "Ponts et murs communaux - Apprendre à les gérer" présente en 12 pages les points-clés pour déterminer l'état de son patrimoine d'ouvrages d'art et mettre en oeuvre une démarche gestion sur le long terme. L'auteure de cet ouvrage ,Cécile Bouvet, responsable d'études en gestion du patrimoine Ouvrages d'Art au Cerema, répond à 3 questions sur l'intérêt de cette gestion et la méthode.
Depuis deux ans l’enjeu du suivi et de l’entretien courant des ouvrages d'art a été mis en lumière, ce qui a amené à réaliser un vaste programme de recensement des ponts : comment cet Essentiel s'inscrit-il dans cette démarche?
Cet Essentiel s’inscrit dans la continuité du programme national Ponts (PNP) de France Relance, qui a pour objectif de recenser le patrimoine et de donner une première évaluation de son état. On observe que le patrimoine d’ouvrages d’art vieillit, il est donc important d’agir dès à présent pour maintenir le plus possible ce patrimoine.
Ce document s’adresse d’abord aux plus petites collectivités dont le patrimoine d’ouvrages d’art ne présente généralement pas de difficultés spécifiques. Il rappelle les responsabilités des maires qui doivent assurer la sécurité des usagers, et montre que même avec un tout petit budget ils peuvent agir dès maintenant pour l’entretien de leur patrimoine.
La gestion de ce patrimoine communal est assez simple à réaliser : connaître l’état d’un pont en maçonnerie ne demande pas une expertise de pointe, une visite réalisée par les services communaux ou de l’EPCI permet d’identifier les vulnérabilités.
Si le recensement des ouvrages communaux réalisé dans le cadre du PNP est une première étape nécessaire, les collectivités doivent ensuite se saisir du sujet et organiser l’entretien courant des ouvrages, qui permet de maintenir le patrimoine en état.
Il faut poursuivre la dynamique après le Programme national Ponts, car pour éviter la dégradation future des ouvrages ils doivent être suivis régulièrement et entretenus.
Cela permet de réaliser les réparations nécessaires dès que les problèmes apparaissent ou de manière préventive. Parfois des actions simples à réaliser permettent d’éviter des dégradations qui pourraient prendre de l’ampleur et menacer la sécurité de l’ouvrage. On constate que des ouvrages non suivis et entretenus se dégradent rapidement, ce qui entraine des couts importants.
Quels sont les principaux piliers de la démarche présentée dans le guide ?
La gestion de patrimoine d’ouvrages d’art est technique, mais certaines étapes peuvent être réalisées sans nécessiter une expertise particulière. Le suivi permanent que la commune effectue ne nécessite pas de compétences expertes : chacun peut observer des désordres qui apparaissent, identifier le cheminement de l’eau ou des vulnérabilités. C’est une première étape qui peut être réalisée par un agent de la collectivité.
L’entretien courant peut aussi être réalisé par les communes : il s’agit de prévenir les dégradations en assurant chaque année un entretien basique de l’ouvrage, par exemple en enlevant la végétation, en maintenant le fonctionnement des ouvrages d’assainissement…
Si une intervention plus importante s’avère nécessaire, il faut alors solliciter des compétences spécifiques, en faisant par exemple appel à un bureau d’études. Celui-ci fera des recommandations pour l’entretien et la sécurité de l’ouvrage. Parfois il peut être nécessaire de limiter la circulation ou de fermer l’ouvrage temporairement.
La première étape est de définir les orientations générales de la commune en matière d’entretien du patrimoine, en fonction de l’état de chaque ouvrage, des moyens de la collectivité et des objectifs qu’elle s’est fixé. On recommande d’avoir un référent en matière d’ouvrages d’art qui ait une idée globale du patrimoine et établit le programme.
L’idée est ensuite de connaitre son patrimoine : on le recense, on décrit son état en s’appuyant sur le Carnet de santé des ponts accompagné de son mode d’emploi. Cette surveillance permet d’identifier les ouvrages sur lesquels des efforts approfondis sont nécessaires pour connaître précisément l’état et éventuellement faire des réparations.
Les collectivités ont besoin d'outils, notamment méthodologiques. Quelles sont les actions du Cerema dans ce sens?
Les élus communaux expriment effectivement le besoin de trouver facilement la réponse à la question précise qu’ils se posent.
C’est pour cela que le Cerema diffuse des outils méthodologiques ciblés à destination des communes, comme cet Essentiel.
Nous avons également proposé des vidéos courtes sur des points-clés de la gestion du patrimoine d’ouvrage d’art.
Des webinaires ont été organisés sur ces sujets, par exemple sur les ponts et murs de soutènement:
Le guide destiné aux élus communaux « Surveillance et entretien courant des ouvrages d’art routiers » est en cour de révision et sera publiée à l’automne. Il présentera en détail la démarche pour la surveillance et l’entretien qui peuvent être réalisés par les communes.
Une réflexion exploratoire est aussi en cours dans le cadre du programme SOS Ponts sur la manière de faciliter l’accès des maires à l’information qui leur est utile, avec l’idée de construire l’outil adapté au besoin des maires de petites collectivités.
Le retour de la part des collectivités est que les acteurs se sentent un peu perdus dans les démarches de gestion du patrimoine d’ouvrages d’art : il y a de nombreux acteurs, une doctrine technique riche et spécialisée, des enjeux de budget, et finalement un fort besoin de clarification. Il faut les guider sur le plan méthodologique dans une démarche de long terme et le Cerema est là pour les accompagner, leur fournir des outils et de la méthode.