12 septembre 2022
Groupe de maisons dans la vallée de la Bruche
Crédit: Betsch - Vallée de la Bruche
Les collectivités lauréates du concours Capitale française de la Biodiversité dont le Cerema est partenaire ont été annoncées par l'Office français de la Biodiversité et Plantes & Cité qui pilotent la démarche, destinée à mettre en valeur les expériences locales en faveur de la biodiversité. La communauté de communes de la Vallée de Bruche a remporté le premier prix, par sa démarche de restauration des paysages et de protection de la nature. Quatre autres collectivités ont reçu des récompenses thématiques.

logo capitale biodiversiteLe concours Capitale Française de la Biodiversité est organisé depuis maintenant 12 ans. Le jury de l'édition 2022 qui avait pour thème "Paysages et Biodiversité" a décerné le premier prix à la Communauté de communes de la vallée de Bruche en Alsace. 

4 autres collectivités ont été récompensées:

  • Saint-Chamas dans les Bouches-du-Rhône dans la catégorie des villes de moins de 20.000 habitants
  • Saintes en Charente-Maritime, pour les villes de moins de 100.000 habitants
  • Angers dans le Maine-et-Loire dans la catégorie des villes de plus de 100.000 habitants
  • Laroque-des-Albères dans les Pyrénées-Orientales qui a reçu le prix coup de coeur du jury.

Depuis 2019, il complète le dispositif "Territoires engagés pour la nature"  qui reconnaît l’engagement pour l’avenir des communes et intercommunalités dans les régions qui animent ce dispositif national. Le Cerema est partenaire de la démarche et contribue notamment à la capitalisation des expérimentations.

 

Vallée de la Bruche: une dynamique territoriale pour valoriser les paysages 

Le premier prix a été décerné à la Communauté de communes Vallée de la Bruche en Alsace. Le Cerema a participé à la visite et a rédigé le rapport consécutif.

Visite d'une prairie dans la vallée de la bruche
Visite de la vallée de la Bruche - L. Chrétien

A partir d’un paysage profondément dégradé par la déprise agricole et l’enrésinement forestier, la communauté de communes de la Vallée de la Bruche a su impulser une politique de réouverture des paysages, en permettant l’émergence et la pérennisation d’acteurs économiques et associatifs (associations foncières pastorales, syndicat des arboriculteurs et récoltants familiaux de fruits), susceptibles de contribuer au maintien des paysages ouverts sur le long terme.

La gestion paysagère menée dans cette vallée vosgienne est intimement liée, dans la conception comme dans la mise en œuvre, à la préservation et au développement de la biodiversité. Ainsi, il ne s'est pas seulement agi de rouvrir des parcelles enrésinées, mais de travailler les lisières, de favoriser de nombreux éléments fixes du paysage (bosquets, haies, arbres isolés, vergers…), de reconquérir des fonds de vallées, des berges de cours d'eau... Un véritable travail de fond constituant et entretenant une "dentelle" d’espaces à haute valeur paysagère et environnementale.

Le projet paysager de la collectivité apparaît de plus fortement intégré aux autres composantes du territoire : tourisme, valorisation agricole, fermes-auberges, lien social, cadre de vie, mobilité… De ce fait, il est porté par toute une communauté d’acteurs, et ce depuis plus de trente ans. Un exemple riche et inspirant pour les territoires ruraux de montagne comme de plaine, mais aussi pour les bourgs, les villes voire les métropoles partout en France. 

Une fiche présente la démarche de la collectivité, notamment l'utilisation des documents de planification à différents niveaux (SCoT, PCAET, SRCE...) pour préserver et valoriser le paysage, la définition de sa stratégie foncière, les actions de protection et restauration des milieux naturels, de lutte contre les pollutions et de prévention des risques, ainsi que la mobilisation des citoyens et des parties prenantes.

 

Retour d'expérience

 

4 collectivités de différentes tailles récompensées pour des actions diversifiées

Catégorie ville de moins de 20.000 habitants : Saint-Chamas

Accès au chemin vers les Palous , vue d'un fronton face à l'étang de Berre
Accès au chemin vers les Palous à Saint-Chamas - J. Champrès - Cerema

Le littoral de Saint-Chamas (8593 habitants), situé dans le secteur contraint sur l'étang de Berre et à proximité d'une centrale hydroélectrique, comprend deux sites sensibles classés Zone Natura 2000, tandis que quatre ports de plaisance ou de pêche ponctuent ses rives. De nombreuses plages sauvages faisaient l’objet d’une fréquentation et d’une baignade non encadrées. Outre le peu de confort des usagers, cela générait des impacts défavorables à la nidification des sternes naines sur le cordon coquillier de la Petite Camargue par exemple.

Pour réaffirmer son identité littorale et permettre une meilleure accessibilité et utilisation des rives de l’étang tout en protégeant les secteurs naturels qui sont sensibles à la fréquentation du public, la commune a créé une plage en lieu et place d'un ancien stade. 

Le projet a consisté à transformer notamment le site délaissé d’un ancien stade en promenade et plage en plein cœur de ville, en facilitant les accès pour les PMR et les poussettes, en rétrécissant la chaussée pour réduire la vitesse et réorganiser le stationnement, à végétaliser le cheminement, le bord d'étang et la ville...

L’objectif est la réappropriation de l’étang en investissant autour des activités nautiques douces (baignade, kayak, paddle, voile) tout en limitant l’accès au littoral aux embarcations à moteur. La plage des Cabassons a été labellisée Pavillon bleu en mai 2022, tandis que des nurseries artificielles expérimentales de type "biohuts" ont été immergées dans le port de plaisance Notre-Dame.

Forte d'un réseau associatif, citoyen et naturaliste très dynamique, la commune a mis en place un "Permis de végétaliser" qui participe à améliorer le paysage urbain avec les habitants, et un Atlas de la biodiversité communale en cours va permettre d'améliorer encore la connaissance de la nature locale. 
 

Le retour d'expérience

 

Catégorie ville de moins de 100.000 habitants : Saintes

Récolte de graines locales par un tracteur
Récolte de semences locales - CREN Poitou-Charentes

La ville de Saintes (25 400 habitants) pilote l’Espace Naturel Sensible des prairies inondables de la Palu (12 ha), aux enjeux forts tant sur la protection de la ressource en eau potable que pour sa faune et sa flore, exceptionnelles. Au-delà de son travail de maîtrise foncière et de gestion écologique, l'originalité de l'action de la ville de Saintes est de constituer avec son partenaire le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle‐Aquitaine, un stock de semences de plantes locales sauvages, qui lui permet d'être auto‐suffisante pour ses projets d’aménagement et de renaturation sur le territoire communal, et de disposer de mélanges prairiaux spécifiques et adaptés en fonction des milieux à requalifier (prairies humides, mésophiles, coteaux calcaires…) jusqu'au milieu le plus urbain.

Cette action est menée dans le cadre du programme PICTAGRAINE destiné à préserver et créer des prairies naturelles par la réimplantation de plantes garanties 100% locales, naturellement plus résistantes et bienveillantes avec les pollinisateurs.

En effet, partant du constat que la moitié de ses trottoirs étaient vieillissants et peu compatibles avec un entretien "zéro phyto", la ville les désimperméabilise et les végétalise en partie avec ces semences locales sauvages, tout en respectant les usages. Une action qui permet d'embellir la ville, de diminuer les effets d’îlots de chaleur urbains, de favoriser l’infiltration des eaux de pluie et qui contribue à préserver et restaurer la biodiversité en milieu urbain. Elle est de surcroît beaucoup moins coûteuse en entretien !

 

Le retour d'expérience

 

Catégorie ville de plus de 100.000 habitants : Angers

Boisement par les habitants de la micro forêt du Grésillé en bord de ville
Boisement de la micro-forêt du Grésillé - Ville d'Angers

Angers s’appuie sur un héritage et savoir-faire reconnu dans le domaine de l’horticulture et du paysage, qu'elle fait évoluer au regard des enjeux de biodiversité avec une approche plus naturaliste, notamment dans les grands parcs Balzac ou Saint-Nicolas. Son action sur un très vaste patrimoine naturel (1000 ha d’espaces naturels et 550 ha d’espaces verts plus urbains) est structurée autour d'un plan "Nature en ville 2021-2025" articulé avec le Schéma directeur métropolitain des paysages angevins mis en place en 2019.

Les actions concernent aussi bien les outils règlementaires de planification et de protection des composantes végétales que des actions de conception, de gestion d’espaces de nature, d’expérimentation ou encore des actions de sensibilisation et d’évaluation.

Parmi les nombreuses actions de ce plan, la jeune micro-forêt urbaine du Grésillé (3 ha) préfigure un vaste programme de plantation de nouveaux boisements, dont la palette végétale arborée et arbustive est constituée de jeunes plants d’essences végétales locales adaptées au site (exposition, sol, cortège végétal du boisement riverain et climat local) sur la base d'un diagnostic préalable, avec un suivi dans le temps et pas ou peu d'entretien. Un exemple encore rare d'approche scientifique et technique qui tranche avec la mode souvent contestable de micro-forêts dites "Miyawaki". Un inventaire participatif des arbres remarquables a par ailleurs été réalisé et annexé au plan local d'urbanisme.

En secteur de centre-ville dense, la ville réalise des "mini-jardins" en pied de façade, à la demande des habitants qui en assurent ensuite l’entretien. Le choix des plantations est fait par les habitants parmi une gamme de plantes horticoles ou de vivaces labellisées végétal local® qui représente près de la moitié des choix des habitants. Fin 2021, la ville compte 505 mini-jardins, soit 2176 mètres linéaires et 653 m² déminéralisés.  
 

Le retour d'expérience

 

Coup de cœur du jury : Laroque-les-Albères

champ de vignes à Laroque Les Alberes (village au second plan)
Crédit : Ville de Laroque-les-Albères

La commune de Laroque-des-Albères a mis en place un Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN) sur plus de 600 hectares et met en œuvre une politique foncière dynamique, outils rarement mobilisés par une commune de cette taille. Le PAEN a été très efficace pour faire reconnaître la valeur paysagère et écologique des espaces de mosaïque agricole : vergers, vignobles, friches, haies, landes et fourrés, haies, prairies siliceuses, chênaie et boisement de chênes lièges.

Cette démarche, qualifiée de "bouclier vert" par les élus, permet à la commune de lutter contre la très forte pression d'urbanisation de son territoire et le risque de cabanisation. Le périmètre - près du tiers de la surface de la commune - la relative ancienneté de la démarche, lancée dès 2012, sont d'autant plus remarquables que les PAEN restent encore peu développés au niveau national.

C'est enfin un excellent exemple du rôle fondamental des Conseils départementaux en matière d’ingénierie territoriale, aux côtés des Régions et de l'Etat, tout particulièrement pour les petites communes : c'est en effet le Département des Pyrénées-Orientales qui apporte son appui technique et financier à la commune de Laroque-des-Albères tant sur son PAEN que sur ses acquisitions foncières.

 

Le retour d'expérience

 

 

L'édition 2023 est lancée, sur le thème "Arbres et forêts"

L’édition 2023 du concours Capitale française de la Biodiversité sur le thème "Arbres et forêts" est d’ores et déjà ouverte : communes et intercommunalités françaises sont invitées à candidater jusqu’au 31 janvier 2023 sur www.capitale-biodiversite.fr afin de faire connaitre et valoriser leurs réussites autour du thème "Arbres & Forêts".