23 juillet 2020
Protection des captages aep
En France, 60% de l’eau distribuée dans les réseaux d’eau potable provient de captages d’eau souterraine. Un grand nombre de ces captages sont soumis à des pollutions diffuses liées à la présence de nitrates ou de pesticides. Dans ce cadre-là, le Cerema développe un outil permettant d’accompagner les collectivités pour la définition des stratégies foncières utiles à la protection ou à la reconquête qualitative de ces captages.

  

La protection des captages : un sujet au cœur des assises de l’eau

Lors de la deuxième séquence des assises de l’eau (2019), le gouvernement a renforcé la démarche « captage » en positionnant la protection des captages comme objectif numéro un. Cet objectif se décline en actions, qui prévoient notamment la protection des captages prioritaires à l’aide d’un plan d’action spécifique à chacun. C’est précisément pour la définition de ces plans d’actions que le Cerema intervient, en aidant les collectivités à identifier les zones d’actions les plus pertinentes pour protéger la qualité des captages d’eau souterraine.

 

Figure 1 : Concentrations moyennes en nitrates relevées dans les eaux souterraines entre 2017 et 2018 sur 5000 points. (données issues du portail national ADES)
 

Un outil élaboré pour accompagner les collectivités : Où agir et quand observer les effets ?

Lorsqu’un captage est d’intérêt stratégique, par exemple du fait de l’absence d’une ressource de substitution, ou que la qualité de l’eau n’est plus satisfaisante, les gestionnaires sont chargés d’établir un programme d’actions sur les aires d’alimentation de captages (AAC) afin d’améliorer ou de maintenir la qualité de l’eau. A ce titre, il existe un guide national (MEDDE et MAAF 2013) permettant d’aiguiller vers une série d’actions. Le nouvel outil proposé permet de relier la mise en place d’une action, à un effet sur la qualité de l’eau prélevée.

C’est dans ce contexte que le Cerema, dans le cadre de ses activités sur le petit cycle de l’eau, développe et enrichit depuis trois ans un outil cartographique adapté aux captages d’eau souterraine pour identifier des territoires prioritaires et permettre aux collectivités la mise en place de programmes d’actions efficaces. Cet outil est développé en collaboration avec la Direction de l’Eau de la Biodiversité du MTES et a fait l’objet d’une convention partenariale avec l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse. Il tient compte du transfert des polluants (nitrates ou pesticides) à travers la zone saturée et non saturée du milieu.

L’outil permet de déterminer les contributions des parcelles d’une AAC à l’alimentation d’un captage ainsi que les temps de circulation des eaux souterraines entre les parcelles et le captage (Figure 2). Ainsi, l’outil fournit également au gestionnaire un tableau de bord des temps de retours sur investissements des actions entreprises sur leurs territoires. Concrètement, cette approche cartographique permet d’accompagner efficacement les stratégies d’acquisition foncières des collectivités, et d’envisager une évolution des pratiques culturales dans les secteurs les plus pertinents.
 

Figure 2 AAC

Figure 2 : Identification de la zone d’alimentation et des lignes piézométriques autour des captages (points rouges et noirs) sur une AAC (contour noir) (a), contribution individuelle des captages à l’alimentation des captages (b) et temps de transit de l’eau souterraine jusqu’aux captages (c) (D’après Attard et al., TSM 2019).

Focus sur les résultats et point de vue des collectivités

Récemment, le développement de cet outil a permis d’accompagner plusieurs collectivités. Notamment la communauté d’agglomération Grand Lac qui a commandé au Cerema une application sur le secteur de Serrières-en-Chautagne. La Figure 3 représente la restitution cartographique des résultats qui permet d’identifier les parcelles où l’eau infiltrée a une forte contribution à l’alimentation de ce forage stratégique.

Figure 3 : Cartographie de la zone contributives et hiérarchisation des parcelles autour d’un forage stratégique.
 

Interrogé sur la plus-value apportée par ce type de restitution cartographique, Claude Devilliers, Président du Syndicat des eaux du Brachet nous apporte son témoignage :

“Cette nouvelle approche nous donne une meilleure connaissance des périmètres de protection, c’est l’outil qui nous manquait. Nous avons maintenant une meilleure connaissance des temps de migration des nitrates et une analyse par parcelles de la contribution de celles-ci à l’alimentation du captage. Nous pouvons porter maintenant nos efforts de protection de façon très fine en ciblant fortement les parcelles les plus impactantes.”

Claude Devillers, Président du Syndicat des eaux du Brachet

En savoir plus

Si vous êtes intéressé par une application de cet outil, n’hésitez pas à nous contacter :